Du 3D à n’en plus finir pour cette jeune styliste : Iris Van Herpen. La cité internationale de la dentelle et de la mode de Calais expose jusqu’au 31 décembre une trentaine de modèles avant-gardistes et futuristes, imaginés et façonnés par cette créatrice néerlandaise entre 2008 et 2012. Le monde de la mode l’adore déjà ! La styliste montante est désormais connue pour ses designs rendus possibles grâce aux imprimantes 3D. Repérée au Pays-Bas en 2007, la jeune artiste de 28 ans a fait sensation aux Fashion Weeks de Tokyo, Amsterdam et Londres. Elle se considère comme une véritable « couturière digitale », et n’hésite pas à oublier les techniques ancestrales.

Rien n’arrête cette passionnée qui va même jusqu’à faire appel à des professeurs du MIT (Institut de technologie du Massachusetts), comme Neri Oxman, architecte et professeur qui a collaboré avec elle sur une de ses collections. « Les possibilités incroyables des nouvelles technologies nous permettent de réinterpréter les traditions de la couture en faisant de la « tech-couture », déclare-t-il. Et il ne semble pas si bien dire, car Iris confectionne des vêtements aux formes sculpturales et aux volumes prononcés. Les pièces présentent un traitement complexe avec des techniques variées comme l’entrecroisement, le laçage ou le tuyautage.

[quote]Quand j’ai une robe en tête, c’est toujours une image en 3D[/quote]

Certaines parties du vêtement, les épaules et les hanches sont amplifiées. Des matières sont utilisées de façon récurrente : le cuir, les feuilles d’acrylique, du plastique, les chaînes métalliques. Et au niveau des couleurs, Iris Van Herpen utilise le marron, le blanc, le noir, le gris, le tout agrémenté d’effets métalliques et irisés. « L’impression en 3D a changé ma façon de travailler. Cela m’a fait œuvrer avec des gens d’autres disciplines. Cela m’a aussi permis de réaliser combien dans le futur mon processus créatif serait différent. Quand j’ai une robe en tête, c’est toujours une image en 3D, puis je dois la dessiner en 2D pour mon équipe. Ensuite, nous réalisons un patron en 2D avant de la fabriquer », explique la créatrice. Il s’agit donc là, d’un travail à mi-chemin entre haute-couture et art contemporain. Paradoxalement, l’objectif de la créatrice est aussi de participer à l’élaboration d’une mode qui sera portée par le plus grand nombre. C’est pourquoi elle a lancé sa ligne de prêt-à-porter en mars 2013. Mais si depuis six ans ses créations sont déjà exposées aux Pays-Bas, au Japon, au Royaume-Uni ou à Hong Kong, le musée de Calais présente sa première grande exposition en France. Depuis juillet 2011, elle est invitée à défiler sur la scène parisienne par la Chambre syndicale de la Haute-Couture. Elle a d’ailleurs présenté en janvier dernier sa collection « Voltage » qui avait subjugué le public. Allant jusqu’à séduire Lady Gaga, Bjork ou encore Daphne Guiness, par l’étrangeté de ses robes composées à partir de techniques innovantes, elle habille à ce jour ces trois stars. Il faut dire que par sa formation à l’ArtEZ, l’institut d’Arnhem, aux Pays-Bas, et par son stage chez Alexander McQueen, Iris a plutôt été à bonne école.

Les créations d’Iris Van Herpen à la Cité de la dentelle

Jusqu’à fin décembre, la Cité internationale de la dentelle et de la mode accueille cette exposition dans le cadre du projet « Crysalis » qui fédère pendant quatre ans, quatre régions bordant la Manche et la mer du Nord (Nord-Pas-de-Calais, Angleterre, Belgique et Pays-Bas) qui se sont associées pour promouvoir l’innovation textile. La galerie d’exposition du musée est formée d’un grand plateau minimaliste de plus de sept mètres de haut et soixante mètres de long. Une décoration à la hauteur des créations met en scène la collection, puisque la salle est composée de murs clairs et d’un sol en béton quartz. Au niveau de l’éclairage, la pénombre est de la partie, seul un léger éclairage orienté met en lumière les créations. Ces dernières sont regroupées par collections et par périodes, elles sont exposées sur de grands socles face à des photographies. Dans l’auditorium de la galerie d’exposition, le public peut découvrir sur grand écran les défilés de la créatrice. Ils pourront aussi découvrir le modèle « Synesthesia », réalisé avec du cuir et en partie recouvert d’une feuille de métal brillant. Une pièce mettant en avant toute l’originalité et l’inventivité de l’univers d’Iris Van Herpen.

Plus d’informations sur : www.irisvanherpen.com

Vidéo collection haute couture printemps-été 2013 d’Iris Van Herpen