Le terme « hybridation » est défini dans le dictionnaire comme « un croisement d’animaux ou de plantes, de races ou de variétés différentes« . En 1977 ORLAN, artiste plasticienne française, décide d’approfondir la question et fait de son corps son support de réflexion. A la découverte d’une femme hors du commun.
Des débuts remarqués
ORLAN, de son vrai nom Mireille Suzanne Francette Porte, se fait connaître en 1977 à la FIAC de Paris. Avec sa sculpture-performance « Le Baiser de l’artiste », le succès et le scandale sont immédiats ! Installée derrière une reproduction de son buste nu transformé en distributeur automatique, elle propose des baisers au public en échange de 5 FRANCS, soit environ 0.75 EUR. Même si elle travaille sur le statut du corps féminin dans l’histoire de l’art et dans la société contemporaine, elle est tout de même confrontée à l’incompréhension.
L’année suivante, la jeune femme franchit un cap et entame plusieurs « performances chirurgicales ». De cette façon elle remet en jeu son image au travers d’opérations durant lesquelles le bloc opératoire devient son atelier d’artiste. Toutes ses actions sont filmées et transmises par satellites dans plusieurs institutions culturelles du monde. Films, photos, dessins faits avec son sang ou reliquaires, elle exploite la moindre chose qu’elle juge utile pour son travail. Travail qui dénonce les pressions sociales exercées sur le corps de la femme. ORLAN insiste sur le fait qu’elle ne pratique pas du « Body-Art » mais de l’art charnel puisque son corps est le matériau d’une sculpture.
Toujours plus loin

En 1998, elle entreprend un tour du monde des standards de beauté et se met à hybrider des visages par le biais de la photographie numérique et des logiciels de retouches infographiques. Elle commence par les civilisations pré-colombiennes à Mexico où elle présente ses « Self-Hybridations ».Elle repousse toujours un peu plus les frontières de l’art contemporain lorsqu’elle utilise les biotechnologies et crée « Le Manteau d’Arlequin », une installation faite à partir de ses propres cellules mélangées à des cellules animales. Cette œuvre s’inspire du livre, « Laïcité », de Michel Serres qui utilise l’Arlequin comme métaphore du croisement et de la rencontre.

En juin 2013, la femme hybride attaque en justice la chanteuse Lady Gaga et sa maison de disque Universal Music France ! La plasticienne l’accuse de l’avoir plagié dans son clip « Born This Way » sorti en 2011 en se servant d’excroissances sur le front et les joues. A 66 ans, ORLAN réclame 7.5% du chiffre d’affaires issu de la promotion de l’album et de la diffusion du clip, soit 31.5 millions de dollars (environ 23,5 millions d’euros) en guise de dédommagement. Elle lui reproche également d’avoir contrefait son œuvre intitulée « Bumpload » (1989) et demande l’arrêt de la diffusion de la vidéo et de la commercialisation du disque.

L’aventure artistique d’ORLAN n’est autre que la mise en scène de sa propre vie. Au travers d’une succession d’interventions, elle joue avec son corps dont elle se sert d’outil artistique et comme lieu de débat public.
Crédit photos : artinfo.com; essonne.fr; terraeco.net; vimeocdn.com